Les enfants ayant des besoins de santé particuliers sont plus susceptibles de venir des quartiers les plus pauvres

La santé des enfants dépend dans une large mesure de l’endroit où ils vivent. Ceux qui passent leurs premières années dans des quartiers défavorisés – mesurés à l’aide d’une combinaison de variables, notamment le pourcentage d’habitants à faible revenu ou à faible niveau d’éducation – sont beaucoup plus susceptibles d’avoir des besoins de santé particuliers.

Cela peut les exposer à des problèmes toute leur vie, comme être moins susceptibles de répondre aux attentes éducatives dans les années ultérieures et à des problèmes de santé mentale et physique à long terme.

Avoir un trouble de santé pendant l’enfance influence souvent toute la trajectoire de développement d’une personne, jusqu’à l’adolescence et à l’âge adulte. Il est donc d’autant plus important que les décideurs politiques veillent à ce que des ressources solides soient en place là où elles sont le plus nécessaires.

Un nombre croissant de recherches aux États-Unis ont découvert des associations significatives entre les ressources du quartier et divers aspects de la santé des enfants, notamment la santé physique, la puberté précoce, les hospitalisations pour asthme et le besoin de soins pédiatriques.

Jusqu’à présent, il y avait peu de données probantes sur la relation entre les conditions socio-économiques des quartiers et la santé des jeunes enfants qui commencent l’école au Canada. Plus précisément, les chercheurs ne disposent pas de beaucoup de données sur les conditions du quartier et les troubles de santé des enfants. Les troubles de santé sont souvent associés à des besoins éducatifs spéciaux accrus à mesure que les enfants progressent à l’école.

Les soins de santé universels et gratuits au Canada contribuent à un paysage social et médical différent de celui des États-Unis. En tant que chercheurs, nous avions supposé que ce contexte devrait minimiser les variations en fonction du lieu. Nos recherches mettent toutefois en évidence des différences stupéfiantes dans les niveaux de problèmes de santé graves entre les enfants des quartiers les plus riches et les plus pauvres.

Un quartier vu du ciel.
Les recherches mettent en évidence des différences dans les niveaux de problèmes de santé graves entre les enfants des quartiers plus riches et ceux des quartiers les plus pauvres. Maisons vues en vue aérienne dans un quartier résidentiel, à Kamloops, en Colombie-Britannique, le 11 septembre 2023.
LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck

Etude des enfants de maternelle

Nous avons mené une étude à l’échelle de la population auprès des enfants de la maternelle fréquentant des écoles financées par l’État entre 2004 et 2020 partout au Canada.

Nous avons examiné l’association entre le statut socio-économique du quartier et les troubles de santé signalés par les enseignants. La majorité des élèves au Canada (près de 92 pour cent) fréquentent des écoles financées par l’État.

Nous avons évalué les troubles de santé à l’aide de l’Early Development Instrument (EDI), un questionnaire de 103 éléments rempli par l’enseignant. Le questionnaire mesure la capacité des enfants à répondre aux attentes de développement adaptées à leur âge à la maternelle et comprend des informations sur les données démographiques des enfants et leur état de santé.

L’EDI fournit une source inégalée par aucun autre ensemble de données. Il présente des informations à l’échelle de la population sur la préparation des enfants à l’école, y compris des informations sur le développement et l’état de santé de l’enfant.

Définir le « trouble de santé »

Pour les besoins de l’étude, les enfants étaient considérés comme ayant un trouble de santé si :

  • Leur enseignant a déclaré qu’ils avaient un problème de santé diagnostiqué (sur la base des informations fournies par un parent ou un professionnel de la santé) ;
  • Ils présentaient une limitation qui nuisait à leur capacité de fonctionner en classe (telle qu’un handicap physique, d’apprentissage, émotionnel, comportemental, de la parole ou du langage) ;
  • Ils ont reçu une désignation de besoins spéciaux.

Nous avons comparé ces informations avec les données sur le statut socioéconomique des quartiers extraites de la base de données des déclarants de 2005 de l’Agence du revenu du Canada et du recensement canadien de 2006, recueillies par Statistique Canada.



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Avec des collègues, nous avons créé un indice au niveau des quartiers pour examiner 2 058 quartiers répartis dans tout le pays. Pour déterminer les limites géographiques des zones, nous nous sommes appuyés sur les données de Statistique Canada relatives aux plus petites régions géographiques pour lesquelles l’agence publie les chiffres de population et des logements. Pour évaluer le statut socioéconomique des quartiers, notre indice a considéré des variables telles que : le pourcentage de familles monoparentales ayant de faibles revenus et également d’enfants de moins de six ans ; le pourcentage d’adultes sans diplôme d’études secondaires.

Jardins d’enfants et troubles de la santé

Plus de 1,4 million d’enfants à travers le Canada ont participé à la collecte de données EDI dans leurs classes de maternelle entre 2004 et 2020. Parmi ces enfants, 230 021 (16 %) souffraient d’une forme ou d’une autre de problème de santé. Dans tous les quartiers canadiens, la prévalence des troubles de santé infantiles variait entre environ 2 pour cent et 47 pour cent, avec une moyenne de 17 pour cent.

Nous avons constaté une association significative entre le statut socio-économique du quartier et la prévalence des troubles de santé, la fréquence des troubles de santé augmentant à mesure que le statut socio-économique d’un quartier diminuait.

Enfants dans une classe en cercle
Plus de 1,4 million d’enfants partout au Canada ont participé à des collectes de données dans leurs classes de maternelle.
(Shutterstock)

Différences selon les provinces et territoires

Nous avons également étudié cette association séparément dans neuf provinces et territoires. Nous avons appris que l’association entre le statut socio-économique du quartier et la prévalence des troubles de santé était la plus forte à Terre-Neuve-et-Labrador et la plus faible au Québec.

Une telle variation montre à quel point l’inégalité des revenus – la mesure dans laquelle les revenus sont inégalement répartis dans une zone donnée – diffère selon les juridictions.

Les différences dans l’association entre le statut socioéconomique du quartier et la prévalence des troubles de santé observés entre les provinces et les territoires pourraient être dues à plusieurs facteurs, notamment des variations dans leur détection précoce des troubles du développement.

Implications pour les politiques et les pratiques

Nos résultats suggèrent des implications importantes pour les politiques et la pratique.

Savoir que l’association entre la prévalence des troubles de santé à la maternelle et le statut socio-économique du quartier est plus forte dans certaines régions du pays que dans d’autres peut nous aider à identifier les opportunités de soutenir les enfants de ces régions qui souffrent de troubles de santé.

Cela pourrait également égaliser les disparités entre les provinces. Identifier les opportunités d’offrir un soutien et mobiliser ce soutien pourrait améliorer les résultats pour les enfants souffrant de troubles de santé.

Des soutiens de santé équitables sont nécessaires

Nos résultats suggèrent également que, pour réduire ou éliminer les désavantages en matière de santé associés aux quartiers les plus pauvres, il est important de fournir des soutiens de santé publique équitables.

Il s’agit notamment d’initiatives en faveur de la nutrition, du logement, de l’accès à des services de santé de qualité et aux soins préventifs, en particulier dans les communautés socio-économiques défavorisées.

Les décideurs politiques et les chercheurs devront peut-être se concentrer davantage sur les enfants souffrant de troubles de santé au sens large afin de garantir qu’ils bénéficient d’un soutien suffisant. Les soutiens fournis – en particulier dans les écoles – offrent une opportunité cruciale d’améliorer leurs résultats à long terme.

Rédigé par

Archie Mitchell

Archie Mitchell, with a prestigious master's degree from France and two decades of experience, is an authority in his field, renowned for making complex subjects engaging through his blog. At 49, he seamlessly merges academic knowledge with practical insights, aimed at educating and empowering his audience. Beyond his professional life, Archie's hobbies and personal interests add depth to his writing, making it a valuable resource for both professionals and enthusiasts looking to expand their understanding.